Dans l'un de ses ouvrages (Introduction à la géographie sacrée de Paris, Barque d’Isis, 1985, Editions du Borrego), Jean Phaure évoque la constellation de la Vierge reproduite à la surface de la terre par un ensemble de cathédrales françaises : il s’agit de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais et de sept cathédrales dédiées à Notre Dame : Amiens, Paris, Senlis, Noyon, Laon, Reims, l’Epine. Il élargit d’ailleurs sa configuration à d’autres constellations voisines (Balance, Bouvier, Serpent, Lion et même Petite Ourse) et à d’autres cathédrales françaises (voir cartes).

Pour comprendre les cartes reproduisant la constellation telle qu’elle est décrite par Jean-Phaure, dont la ressemblance avec celle de la Vierge ne saute pas aux yeux, il convient d'effectuer une petite transformation ! En fait, l’auteur explique que cette configuration apparaît inversée car projetée au sol. J’ai donc fait cet effort de projeter le ciel autour de la constellation de la Vierge conformément à son approche (en lui faisant subir une rotation autour d'un axe horizontal) et le résultat apparaît sur le schéma intitulé (ciel transposé d'une part, constellation après rotation d'autre part). On peut ensuite comparer cette figure inversée avec la figure proposée par Jean Phaure, mais la ressemblance reste très approximative si on prend en considération l'ensemble des constellations. Les cathédrales de Rouen et d’Evreux sont respectivement les étoiles alpha et bêta de la constellation de la Balance, Notre-Dame de Chartres est l’étoile Arcturus du Bouvier, et la cathédrale de Bourges serait la Polaire, mais cette figure est peu ressemblante. De fait, cette carte du ciel inversé proposée par Jean Phaure est peu convaincante, d'une part, du fait de la faible ressemblance de chaque ensemble de cathédrales avec les constellations, d'autre part, du fait qu’aucune constellation n’est complète (il manque à la Vierge deux ou quatre cathédrales situées au Sud-Ouest de Beauvais pour compléter la figure ; les configurations du Lion et de la Balance sont également très incomplètes, pour ne pas parler de celle du Serpent), enfin, parce la répartition des constellations dans l’espace géographique est finalement assez éloignée de la réalité céleste. En d’autres termes et pour conclure, ce qui est en bas semble n’être qu’une grossière approximation de ce qui est en haut, mais à chacun de se faire son idée...

En revanche, si on rattache les 4 cathédrales de Rouen, Evreux, Sées et Bayeux à la Vierge, la figure de Jean Phaure est plus convaincante, mais les autres constellations ne sont plus prises en compte. Entrons dans les détails. Après avoir comparé quatre représentations de la constellation de la Vierge qui différaient par le choix des étoiles et par les liaisons entre étoiles, j'ai finalement choisi la représentation proposée par l'IAU (Union Astronomique Internationale), qui est la plus complète. Un autre auteur propose une figure associant des cathédrales Notre-Dame à la constellation de la Vierge. Yannick Laurent dans son ouvrage « A la recherche de l’Essonne mystérieuse », publié en 1991 aux éditions Soleil Natal, associe plus ou moins les mêmes églises, mais dans une figure qui subit apparemment une rotation autour d'un axe vertical (et non pas horizontal comme celle de Jean Phaure). Il associe en effet l'étoile Epsilon à Bayeux et l'Epi à Notre-Dame de l'Epine. On pourra constater que cette figure est beaucoup moins convaincante. Enfin, j'ai ensuite essayé de constituer une reproduction de la Vierge (à l'endroit) avec le même ensemble d'églises et ai finalement obtenu une figure qui me semble plutôt convaincante : sur les 14 points, 9 sont des églises ou cathédrales Notre-Dame, et à part un point non rattaché à un lieu sacré, les autres sont également des lieux sacrés remarquables : cathédrale Saint-Julien du Mans, cathédrale Saint-Etienne de Meaux, cathédrale Saint-Pierre de Beauvais et Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux. Le tableau qui suit présente les 3 constellations de la Vierge.

Une constellation de la Vierge (proposition d'Henri Pornon)

La constellation de la Vierge (source : IAU)

Rotation de la constellation autour d’un axe horizontal

La constellation de la Vierge de Jean Phaure, complétée par Henri Pornon

La constellation de la Vierge de Yannick Laurent

Rotation de la constellation autour d’un axe vertical

<h2>denis vincent</h2>Oui, j'ai un bon souvenir de Jean Phaure pour ses explications, disons son approche de l'existence ?a travers la géographie sacrée.<h2>Marie Rémondeau</h2>Bonsoir, <br/>dans ces cathédrales , la Vouivre est-elle mise en évidence !?<br/>Le sens giratoire est-il le même ds chaque édifice !?<br/>Le parallèle et les latitudes de ces sanctuaires nous renseignent-ils sur le courant magnétique de cette contrée !??<h2>Henri Pornon</h2>Merci de votre intérêt pour le site, mais je suis désolé, mes investigations ne portent pas sur les questions évoquées (Vouivre, sens giratoire...) et je n'ai donc pas d'éléments de réponse. <br/>Henri Pornon<h2>Clovis</h2>J'ai visité certaines de ces cathédrales, ou la wouïvre est ressentie ou simplement apparente, tel le puits de l'Epine.<br/><br/>On focalise sur les cathédrales, ce qui génère un taux d'erreurs conséquentes plutôt que voir qu'une église ou une chapelle est en lieu et place pour se superposer a la figure céleste au plus proche, voir même plus.<br/><br/>La conception de la figure de la constellation de la Vierge reposant sur les Notre Dame, ne peut il se poser sur une telle chapelle ou une église dédiée a Marie ou a la Vierge ?<br/>Le sacré est là, sans contestation, la triangulation peut être plus précise et apportée un plus a ce mystère de ces élévations du bas à ce qui est en haut !<br/><br/>Mais c'est mon simple avis .<h2>Henri Pornon</h2>Bonjour et tout d'abord, merci pour votre commentaire. Votre remarque est intéressante, et en effet, de plus petites églises, voire des chapelles dédiées à la Vierge ont le même caractère de sacralité que les grandes cathédrales. Et je vais prochainement publier une étude réalisée en Angleterre, dans le triangle Stonehenge, Glastonbury, Avebury, dans lequel après avoir géolocalisé environ 1700 églises, en disposant de leur dédicace pour la majorité d'entre elles j'ai étudié et recherché des figures en traitant les églises par sous-ensembles homogènes (Notre-Dame, Saint-Michel, Saint-Pierre...). C'est très intéressant, car j'identifie des figures ayant une certaine homogénéité (associant une majorité, voir la totalité d'églises ayant la même dédicace). Et j'ai pu identifier une constellation de la Vierge comportant 11 églises ou chapelles dédiées à la Vierge sur 14 points. Faire l'équivalent dans le secteur traité par Jean Phaure supposerait cependant de faire le même travail de géolocalisation systématique des églises sur la moitié nord de la France, ce qui est un travail pharaonique. Le secteur sur lequel j'ai travaillé en Angleterre représente la surface d'un 1/2 département français...<br/>Ensuite, se pose une question d'ordre statistique : est-ce qu'on ne risque pas de trouver des configurations dûes au hasard si on traite toutes les églises de la même façon ? Ce qui est intéressant dans les constellations de la Vierge ou de la Grande Ourse françaises, c'est précisément qu'il s'agit de grandes cathédrales dans le 1er cas, et d'églises majeures de leur territoire dans le cas des Grandes Ourses, ce qui rend l'hypothèse du hasard beaucoup moins probable. C'est pour cette même raison que j'ai cherché des configurations homogènes du point de vue de la dédicace en Angleterre. Elles sont statistiquement plus improbables, il est donc plus difficile d'invoquer l'hypothèse du hasard.

Site créé avec