© Henri Pornon
La localisation des mégalithes et des églises
Un autre exemple me semble poser question : il s'agit de l’étude d’Eric Charpentier (Les bâtisseurs du sacré : des mégalithes aux édifices religieux 2019, éditions Morel), réalisée sur le plateau de Mornant (au sud-ouest de l’agglomération lyonnaise), et qui se rattache explicitement à la théorie de l’architecture monumentale d’Howard Crowhurst (Mégalithes : principes de la première architecture monumentale du monde, Editions Epistemea, 2016), dont il considère que ses investigations fournissent une confirmation.
Eric Charpentier ne décrit pas précisément le mode opératoire utilisé, mais il semble qu’il ait géolocalisé plusieurs sites (des mégalithes et des églises et chapelle) à partir de Google Earth. Il publie des distances mesurées entre ces sites (en général, pour chaque couple de site, deux distances obtenue à partir de mesures sur Google Earth sont publiées, l’une intitulée « longueur de la carte », l’autre « longueur au sol », telles que les fournit cette application et dont je n'ai pu trouver la définition précise dans la documentation produite par Google). Ces distances sont publiées au centimètre près, et de savants calculs permettent de mettre en évidence des correspondances, par exemple, entre ces distances et les dimensions de certaines chapelles du secteur, ou entre ces distances et des multiples du yard druidique ou du pied druidique, ces multiples étant eux-mêmes des nombres significatifs du point de vue symbolique. Les corrélations sont d’une précision impressionnante (calculées au centimètre près), ce qui pose un problème de méthode et de cohérence, pour plusieurs raisons :
Je suis allé reconnaître et relever ces sites, par lever GPS pour la plupart des mégalithes, par géolocalisation sur Google Earth pour les chapelles et églises, et j’ai ainsi pu comparer mes observations avec les siennes.
Le tableau qui suit fournit la comparaison entre les diverses mesures : calcul de la distance à partir de mes levers de points GPS, mesures sur Google Earth effectuées par mes soins et par Eric Charpentier. Compte tenu des diverses imprécisions et approximations, les écarts, parfois supérieurs à 2 mètres, sont admissibles, mais laissent planer un doute sur la réalité des mesures effectuées par ce dernier. Car l’intérêt, c’est que la mesure de 1414,21m entre le menhir de la Civaude et l’église de Mornant évoque la racine de 2 et que la distance de 691,35 m entre le menhir de la Civaude et le dolmen de Luet ou le menhir de la Charbonnerie soit en relation très précise avec les dimensions de l’église de Mornant. Aucun de nous deux n’a parfaitement raison au centimètre près, nos mesures doivent être considérées à 1 ou 2 mètres près, mais cela conduit à mettre en doute la crédibilité des mesures et donc des correspondances établies par Eric Charpentier.
Origine |
Extrémité |
Mesures Henri Pornon |
Mesure Eric Charpentier |
|||
Distance GPS calculée |
Longueur sur carte |
Longueur au sol |
Longueur sur carte |
Longueur au sol |
||
Menhir de la Civaude |
Dolmen du Luet |
689,53 |
688,52 |
688,75 |
691,10 |
691,35 |
Menhir de la Civaude |
Eglise de Mornant (chœur) |
1412,40 |
1404,30 |
1405,07 |
1413,46 |
1414,21 |
Menhir de la Civaude |
Menhir de la Charbonnerie |
1974,86 |
1977,46 |
1977,93 |
1975,65 |
1976,14 |
Disons-le franchement, cette étude ne me paraît pas sérieuse et on est en droit de mettre en doute la réalité des observations qui permettent de justifier ces corrélations entre mesures, toises mégalithiques, dimensions des églises et nombre d’or.
4 mégalithes (photographies H.Pornon)