© Henri Pornon
Dans cet ouvrage, publié en 1975 dans la série 10-18 par l’Union Générale d’Editions, l’auteur, s’assigne pour objectif de mettre à jour les vestiges d’une géographie sidérale qui « célébrait la noce continue du Ciel et de la Terre dans le lit des établissements humains, villes, temples, châteaux, organisés comme un vaste piège à esprit, d’usage quotidien. Bien des vestiges de cette construction, palpables, mesurables, incontestables, attendent d’être à nouveau reconnus, ce qui peut se faire au compas lucide du symbolisme traditionnel ». Avouons d’abord que c’est un ouvrage déconcertant, foisonnant, qui comporte de nombreuses références historiques, symboliques et géographiques et qu’un certain lyrisme rend très agréable à lire. Mais qu’en est-il de la géographie sidérale que l’auteur se propose de mettre en évidence ?
Le premier élément de géographie sidérale présenté par l’auteur est un zodiaque centré sur la Ville de Toulouse, dans la continuité des travaux réalisés par Jean Richer (déjà évoqués par ailleurs), qui avait lui-même évoqué la possibilité d’un zodiaque centré sur Toulouse. La démonstration est cependant moins convaincante que celle de Jean Richer, mieux étayée sur le plan des références historiques et iconographiques. On a un peu de mal à trouver une unité d’époque, de civilisation, de culture dans les références qui permettent à Guy-René Doumayrou de justifier ce zodiaque. A signaler d’ailleurs qu’un autre zodiaque interne à la ville de Toulouse, publié sur internet, n’aboutit pas à la même orientation que celle de Doumayrou : les deux zodiaques sont décalés de 180°, le premier positionnant le signe du bélier à l’ouest, conformément aux zodiaques de Jean Richer, le second le positionnant à l’est.
L’auteur propose ensuite de rattacher Toulouse à deux axes reliant des lieux historiques : le premier est plutôt orienté nord sud, part de Palma de Majorque, et relie Toulouse à Stonehenge et au cercle de pierres de Callanish en passant par Poitiers. Il illustre cette tendance déjà constatée à légitimer le caractère sacré d’un site en le connectant à Stonehenge. On peut en tout cas constater que la ligne Toulouse Callanish passe à environ 66 km de Stonehenge. Le deuxième axe relie Toulouse à un ensemble de villes et de sites historiques incluant Nice, Iznik (ex Nicée), Sultanhisar (ex Nysse), Ninive, Hamadan (ex Ecbatane) et se termine au mont Kuh-e-Khajeh (évoqué dans son ouvrage comme le Mont Victorial). Ce qui est très curieux dans ce deuxième alignement, est que les points allant d’Iznik au Kuh-e-Khajeh sont effectivement alignés, mais quand on prolonge cet axe jusqu’en France, il ne passe ni à Nice, ni à Toulouse, mais près de l’abbaye de Citeaux et au Mont-Saint-Michel. Cette deuxième évocation d’une géographie sidérale n’est donc pas plus convaincante que la précédente et me semble plus la conséquence du tropisme toulousain de l’auteur que de correspondances géographiques et/ou symboliques.
L’auteur évoque également un certain nombre de figures et d’alignements astronomiques et/ou symboliques autour de plusieurs sites : le Château cathare de Montségur, les ruines du Château fort de Montréal de Sos et les églises Notre-Dame de la Merci de Planès, et Sainte-Marie de Rieux-Minervois, identifiant des alignements (donc des liens) d’intérêt particulier entre chacun de ces monuments et d’autres sites (église, chapelles, châteaux, sommets des Pyrénées). L’affichage de ces « figures » ne nous permet de conclure ni à une régularité géométrique, ni à des correspondances symboliques particulières : d’une part, quand on pointe dans une direction, la probabilité de trouver un site sur l’alignement est élevée (ainsi de l’église de Llivia située sur un axe partant de Notre-Dame de la Merci à Planès), d’autre part, les orientations des alignements partant des églises de Planès et Rieux-Minervois ne sont que très approximativement en cohérence avec la géométrie des bâtiments comme l’évoque l’auteur.
La seule figure intrigante est le losange formé par les 3 villages nommés Bélesta avec l’église de Rieux-Minervois : les côtés du losange mesurent respectivement 79, 82, 86 et 88 km. A signaler par ailleurs que 3 des 4 sommets correspondent avec des églises particulières : l’église heptagonale de Rieux-Minervois, la Chapelle Notre Dame du Val d’Amour pour Bélesta-Arièges, l’église romane Saint-Barthélémy pour Bélesta-Pyrénées Orientales. L’église de Bélesta en Lauragais est de facture néo-romane.
Guy-René DOUMAYROU : Géographie sidérale, 1975, Union générale d'éditions (10/18)