© Henri Pornon
La volonté de l’homme que l’architecture des lieux sacrés lui permette de se rapprocher de la divinité s’exprime de deux façons : d’une part, le temple peut reproduire une géographie mythique (céleste), d’autre part, il peut respecter, dans ses formes et proportions, des règles numériques ou géométriques (exposition de nombres ou de figures géométriques, utilisation de proportion particulières), qui évoquent des principes ou des symboles de la spiritualité considérée.
J'ai déjà évoqué, à titre d'exemple, la reproduction dans les temples khmers, d’une géographie mythique comportant l’Océan primordial, les montagnes et l’axe du monde (Hedwige Multzer, "Les temples du Cambodge : Architecture et Espace Sacré"). Dans son ouvrage éponyme, Paul Mus détaille particulièrement ces aspects pour le temple de Barabudur. Je ne détaillerai pas ces aspects, documentés de façon très complète dans les deux ouvrages évoqués et dans d’autres (Voir en particulier : Danièle HANI-MARAI, Géographie et Architecture Sacrées : l'Homme face au cosmos).
Au moins jusqu’à une certaine époque (fin du Moyen-Âge), la plupart des constructions religieuses réalisées en Europe se conformaient à un certain nombre de règles qui permettaient de respecter le principe d’Hermès Trimégiste déjà évoqué et connu des passionnés d’hermétisme : « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». C’est ainsi que dans les anciennes églises romanes ou gothiques, la coupole circulaire posée sur un socle carré dans le chœur d’une église représente la transition du monde matériel (la terre, symbolisée par le carré) vers le monde spirituel (Dieu, le ciel, symbolisé par le cercle). De même, de nombreux temples pyramides hindouistes et bouddhistes représentent le Mont Kailash, montagne sacrée archétypique, sommet tibétain à proximité duquel 4 grands fleuves d’Asie ont leur source. Il est considéré comme une montagne sacrée par 4 grandes religions (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme, Bonpö) et serait, d’après la tradition, le Mont Méru, montagne mythique considérée comme l’Axe du Monde. Au-delà de la fonction symbolique des éléments architecturaux décrite sommairement dans le paragraphe précédent (axe du monde, montagne, océan), la construction fait appel à des nombres (le 4 et le 8 en particulier dans les temples bouddhistes) et à des formes (le carré, les niveaux successifs) qui mettent en cohérence géométrie sacrée, architecture sacrée et finalement géographie sacrée. Comme le dit Danièle HANI-MARAI, « Le temple est à l'image du cosmos : il situe des relations d'ordre primordial entre le divin et l'humain, le ciel et la terre, le sacré et le profane. » Voir également "Le langage secret des lieux sacrés", de Jon Cannon.
L’effort de conception de l’homme religieux permet de matérialiser des éléments de géométrie sacrée dans la construction. Le relevé et l’établissement de plans précis des bâtiments concernés, permet de vérifier le respect de certaines proportions ou la combinaison de figures géométriques dans l’élaboration du plan. Ce thème a déjà traité par de nombreux auteurs pour divers monuments et ne sera pas traité dans le présent site. On en trouvera des exemples dans la bibliographie commentée.